Rencontre avec Philippe Thiebaut
Figures emblématiques de la discipline, leurs noms font écho chez tous les pratiquants de horse-ball. C’est pourquoi la rédaction de www.horse-ball.org est allée à la rencontre des personnalités qui ont marqué l’histoire de notre sport.
Leurs souvenirs ? Leurs actions ? Leurs regards sur la discipline ? Les évolutions du sport ? La nouvelle génération ? Autant de questions qui nous permettent de mieux comprendre le horse-ball, son histoire et ses origines.
Pour cette première édition de notre nouvelle série, nous sommes entrés en contact avec l’un des plus grands contributeurs au développement de notre discipline, Philippe Thiebaut, aujourd’hui Directeur Technique National auprès de la Fédération Française de Motocyclisme.
Présent à partir de 1977, il est l’un des pionniers du horse-ball moderne et de l’élaboration d’un règlement pour la discipline. A cette époque où le horse-ball s’appelait encore le pato indoor, il est à l’origine du premier championnat de France, en 1979. C’est à partir de 1986, que l’apport de Philippe Thiebaut sera le plus notable. Lorsqu’il devient Directeur Technique National auprès de la Fédération Française d’Equitation, c’est tout le horse-ball qui bénéficie d’un souffle nouveau. Sa signature sur le sport est sans égale. Il est à l’origine, pour ne reprendre que les grandes lignes de ses actions, de la création de la 2ème division (ancêtre de la catégorie Pro), du développement des catégories jeunes, du championnat Féminin, du championnat d’Europe, de la Coupe de France… il sera également l’instigateur de la création d’une équipe de France. En tant qu’entraineur des bleus, il sera le premier à faire confiance à de jeunes joueurs : Romain Depons (19 ans), Nicolas Thiessard (20 ans) ou encore Mikel Le Gall (18 ans).
Nous avons donc joint Philippe Thiebaut pour en savoir plus sur sa vision et son regard politique sur la discipline : ses perspectives d’évolution, ses regrets, ses espoirs, son regard croisé sur la direction du horse-ball et de la moto…
Rencontre avec Philippe Thiebaut, à l’origine de la naissance de notre sport et de son nom… et à qui chaque joueur de Horse-Ball doit beaucoup !
Philippe Thiebaut |
. Bonjour Philippe Thiebaut, pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivé à vous intéresser au pato indoor, ancêtre du horse ball ?
J’ai commencé l’équitation en Provence. En 1976/1977, la fédération a souhaité travailler sur une pédagogie nouvelle et en particulier une approche par les jeux équestres. Le président de l’époque de la fédération Christian Legrez a décidé de créer une commission appelée à l’époque "Des jeunes et des jeux", et nous avons créé un premier championnat de France qui comprenait des jeux équestres, dont le pato indoor.
Ce premier championnat de France a eu lieu au centre équestre municipal de Poitiers. A cette époque là, j’étais en Provence dans une culture équestre plus westernaire comme on disait dans le sud. On était très proches des gardians qui jouaient eux-mêmes au pato, sous sa forme originelle, comme il se pratique en Argentine. Je pratiquais donc un peu le pato, en faisant un peu de cascade à cheval et en jouant à tous ces jeux là.
Lorsque j’ai participé aux premiers jeux équestres, j’avais un grand intérêt pour les sports collectifs et plus particulièrement pour le rugby. J’ai donc retrouvé les sources d’un projet qui m’a pris de passion tout de suite. J’ai commencé en montant une équipe sur Avignon, où j’étais alors moniteur. Par la suite, cette équipe m’a suivi dans les différents centres équestres dans lesquels j’ai travaillé : Salon de Provence etc… Voilà mes débuts !
L'équipe de Salon de Provence - Philippe Thiebaut à droite |
C’est au bout de deux ans qu’on s’est rendu compte que le pato indoor avait tellement de succès qu’il fallait que l’on prenne notre autonomie. On a donc monté une commission que nous avons appelée "horse-ball". Nous étions alors une douzaine de personnes et nous nous sommes dit qu’il fallait que l’on se donne une identité particulière.
Avec Jean-Paul Depons, qui était le premier président, nous avons donc monté la première commission de horse-ball et nous avons créé la première division, la deuxième division, les championnats… À l’identique de ce que nous connaissons aujourd’hui !
Les membres de la première commission de horse ball - Bernard Depons, Dominique Brugier, Philippe Karoubi, Patrice Cottin, Philippe Thiebaut, Claude Michelet, Yves Verrier & Jean-Paul Depons. |
. Vous étiez à la réunion traitant de l’intégration des jeux équestres dans l’équitation classique. Cette réunion sera d’ailleurs à l’origine du premier match de horse-ball. Le développement des jeux équestres répondait-il alors à un besoin ?
Oui ! Il faut replacer les choses dans leur contexte. Dans les années 70, nous sommes dans une mouvance avec la création du poney club de France et une sorte de révolution en profondeur de l’enseignement. Mais pas seulement dans l’équitation, plus largement dans une refonte de la relation avec la pédagogie. On sortait de l’après guerre, avec un enseignement dispensé par des anciens sous-officiers militaires, très directifs, très autoritaires.
Dans la grande mouvance de ce que l’on a appelé "l’après 68", il y a aussi eu la volonté du loisir, du plaisir, de recherche d’une pédagogie plus adaptée et moins directive. A partir de là, que ce soit dans le poney, dans l’équitation mais aussi dans l’éducation nationale, on a vu arriver la pédagogie par l’aménagement du milieu, la pédagogie par le jeu… c’est dans cette tendance que les jeux équestres ont trouvé leur place et que le horse-ball a explosé !
. Comment le pato indoor est devenu horse ball ?
Ce qu’il s’est passé lorsque nous avons commencé, c’est que le pato indoor était inspiré de l’Argentine, donc pratiqué avec des selles creuses. Il n’y avait pas de sangle sous le ventre du cheval qui reliait les étriers. Donc on ramassait le ballon comme des cowboys !
Sauf que l’équipe de Bordeaux, qui était déjà une formation très compétitive, avec notamment les frères Depons (Bernard et Jean-Paul), n’avait pas de selles creuses : les joueurs montaient avec des selles anglaises. Ils ramassaient donc en se tenant au collier de chasse et calaient leurs talons dans le troussequin de la selle.
L'équipe de Bordeaux en 1986 - n°1 Thomas Soubes & n°6 Bernard Depons |
Pour des problèmes de logistique, le championnat de 1977 à été décalé en 1978, et ce sont donc deux championnats de France qui se sont joués en 1978. Lors du deuxième championnat de France, on a vu arriver l’équipe de Poitiers, qui était alors une équipe de région. Ils ont été les premiers à avoir l’idée d’accrocher les deux étriers sous le ventre du cheval. Cette idée avait été empruntée à la voltige cosaque. En voyant ça et la vitesse à laquelle les joueurs descendaient et remontaient, tout le monde les a copiés instantanément.
A partir de là, la nécessité de faire un règlement adapté à la discipline s’est imposée. Nous nous sommes donc inspirés du polo pour promouvoir la sécurité, l’instauration de défense venant par l’arrière, la protection du ramasseur etc… Mais très vite on s’est aperçu d’une chose : dans certaines équipes, il n’y avait que très peu de jeu collectif. Le jeu reposait alors souvent sur la vitesse, l’énergie ou la force d’un joueur qui portait seul la balle, ce qui appauvrissait le jeu collectivement. On a donc inventé la règle qui fait un peu l’âme du horse-ball actuellement : 3 passes, 3 joueurs et ne pas porter le ballon plus de 10 secondes.
C’est cette notion qui a obligé à faire des passes et qui a décuplé le sens collectif dans ce sport. On a donc raison de dire que le horse-ball est un "sport/spectacle" car l’origine même de ses règles fondatrices a été instaurée pour ça. Le horse-ball s’est construit avec l’idée que ce qu’il faut valoriser est la passe, un peu comme au rugby. Ça a été notre première réflexion.
Par la suite, de nombreux débats sont apparus sur la notion d’engagement physique. Certains pensaient qu’il fallait moins d’engagement physique, d’autres pensaient au contraire que l’engagement physique est le spectacle du horse-ball. Pour ma part je faisais plutôt partie de ceux qui défendaient l’engagement physique.
Et c’est ensuite le débat sur la protection du cheval qui est survenu : interdiction des éperons à molette, les contrôles vétérinaires… tout cela est venu progressivement.
. Vous avez participé à la création d’une catégorie féminine en 1995. La question de supprimer la catégorie mixte au profit d’une catégorie masculine s’est-elle posée ?
Oui bien sûr ! A ce sujet, les dirigeants du horse-ball avaient des postures fermes dans les débats, qui, de fait, étaient parfois assez violents. L’idée que des hommes et des femmes puissent jouer ensemble venait à l’encontre des représentations que certains avaient du sport et de l’engagement physique qu’il représentait. Jean-Paul Depons par exemple, président de la commission très engagé qui a fait énormément pour le développement du sport, considérait que l’idée de mixité ne coïncidait avec ses convictions sportives.
Finalement, on peut dire que Christine Orgels, que tout le monde connaît encore je pense, grâce à ses performances, son engagement physique, sa technique… a imposé à elle seule la présence des femmes dans les équipes mixtes. Je ne suis pas convaincu qu’il faille revenir là-dessus, au contraire ! Je pense que quand c’est possible qu’une femme ait les capacités physiques et techniques de jouer avec les hommes c’est tant mieux, continuons comme ça !
J’étais entraineur national, j’ai donc emmené les équipes aux premiers championnats d’Europe en 1992. J’ai été le premier à sélectionner Christine Orgels et je me souviens comme si c’était hier de l’annonce de la sélection que j’ai faite à l’époque. C’était lors de la finale du championnat de France à Jardy je crois. Ce jour là, on a passé le cap et il n’a jamais été question de revenir dessus par la suite.
Christine Orgels |
. Vous avez été le premier entraineur de l’équipe de France en 1992. A quoi ressemblait la scène internationale ?
Lors des 3 ou 4 années qui ont précédé 1992, grâce aux installations de Jean-Paul Depons à Bordeaux Blanzac et son relationnel, notamment avec Mouton-Cadet, nous accédions à un réseau international par lequel nous organisions des démonstrations en France et à l’étranger. Nous avons joué à plusieurs reprises au Salon du Cheval et dans quelques grandes manifestations agricoles ou équestres. Nous sommes également allés jouer au Pays de Galle, devant le Prince Charles, où nous avions deux équipes françaises. Pour l’occasion le terrain était immense ! De mémoire, il devait faire entre 100 et 120 mètre de long. Nous avions aménagé les règles pour que le spectacle soit profitable : on jouait à 5 contre 5… Mais il y avait entre 20 000 et 25 000 spectateurs, d’anglais, de gallois, très passionnés par le rugby. Le succès a été phénoménal !
Nous avons également joué à Golega, au Portugal, où l’intérêt des portugais pour le jeu s’est révélé très impressionnant ! Ils trouvaient des similitudes avec le cheval de corrida, le cheval hispanique. Il y avait une sorte de cohérence.
Ces pays là s’y sont mis et nous ont contactés en nous demandant s’ils pouvaient tenter quelque chose. On a donc réalisé le premier championnat d’Europe au Salon du Cheval à Paris puis au Portugal. Les belges s’étaient inspirés de ce que l’on faisait en France et avaient aussi monté leurs propres équipes.
Jean-Paul Depons |
. Vous êtes actuellement DTN pour la Fédération Française de Motocyclisme. Maintenant que vous êtes en retrait de la vie horseballistique, quel est votre regard ?
A titre personnel, sur le plan affectif, ça a été les meilleurs moments de ma vie. Ce que j’ai vécu avec les équipes de France de cette époque là, le fait d’être des pionniers, d’ouvrir ces discussions là, même s’il y a eu des déchirements et des engueulades, ça en reste des moments absolument formidables, que j’ai vécus avec des gens comme Bernard Depons, Thomas Soubes, Luc Laguerre ou alors les arbitres du début comme Michel Franck et Bernard Depons… Ce sont ces moments où l’on a vraiment l’impression de faire naître quelque chose, d’inscrire quelque chose dans la durée.
L'équipe de France 1998 à Vérone - Romain Depons, Nicolas Thiessard, Jérémy Mazeron, Christine Orgels, Laurent Motard, Raphaël Dubois, Luc Laguerre & Thomas Soubes. |
Maintenant, je suis très content de voir que cette discipline a passé le cap. Il y a eu des acteurs très importants, je vous le dis sans aucune démagogie : le site www.horse-ball.org a joué un rôle absolument essentiel, avec des gens comme Julien et Nicolas Thiessard. Mais l’équipe de Gif de manière plus générale a fait passer le horse-ball dans une autre dimension dans les années 2000 et c’est très bien. Ce horse-ball là échappe totalement à la génération des anciens dont je fais partie et c’est la preuve que ce sport est devenu mature et qu’il n’a pas besoin de toutes ces personnes qui ont 60 ans aujourd’hui. La discipline a grandi, elle a son autonomie, elle a ses entraîneurs... Bien entendu il y a encore quelques anciens, je vois de temps en temps quand je vais sur des sites, que Raphael Dubois ou Christophe Desormeaux, anciens joueurs de l’équipe de France, sont encore dans le milieu et c’est tant mieux pour la transition. Mais de manière générale le sport a pris son autonomie aussi vis a vis de la Fédération. Le championnat des jeunes à la Pentecôte continue à vivre sa vie avec succès, et c’est quelque chose qui est intégré.
L'équipe de Gif en 2001 - Axel Dumas, Julien Thiesard, Nicolas Thiessard, Bernard Malaise (PDG de la société TXCom), Jérôme Thomas, Baptiste Auclair & Anthony Moris. |
Il est important de mesurer à quel point, à l’époque, le horse-ball était transgressif dans l’équitation ! On nous regardait comme des sauvages et presque comme des délinquants. Aujourd’hui c’est une discipline qui a son classicisme, qui est intégrée et est un membre de la famille de la Fédération à part entière et que personne ne songe à remettre en question.
Je peux vous dire que dans ces années 1990/1995, on était parfois regardés bizarrement, mais c’est justement ce qui fait le sel de cette histoire là, qui m’a marqué et dont j’ai beaucoup de plaisir à me rappeler. Aujourd’hui, je jette toujours un petit œil bienveillant sur cette discipline à laquelle je reste attaché.
. Entre la Fédération Française de Motocyclisme (FFM) et la Fédération Française d’Equitation (FFE), les moyens d’actions sont-ils les mêmes ? Vous êtes DTN à la FFM et vous avez été DTN à la FFE… la fonction est-elle la même ?
Quand j’étais DTN de la FFE, j’étais dans une fédération olympique. Au début je m’occupais beaucoup du horse-ball, mais à la fin j’étais DTN pour les jeux olympiques de Sydney, avec le dressage, le complet… La vraie différence réside dans une question simple : est ce qu’on est une discipline olympique ou pas ? L’olympisme crée un rythme tous les 4 ans, qui fait monter en puissance l’énergie vers un objectif. Ensuite il y a toujours une période de déprime, et puis ça repart !
Dans une fédération non-olympique comme celle dans laquelle je suis aujourd’hui, il y a autant de moyen : on a la télé, on a des championnats, des champions du monde, des évènements exceptionnels etc… Mais il n’y a pas cette pression particulière liée aux Jeux Olympiques qui crée quelque chose qui nous échappe, avec une dimension politique voir géopolitique. Il y a quelque chose de très particulier avec les jeux.
Finalement, les différences dans la fonction de DTN lorsque l’on passe d’une fédération à une autre ne dépendent pas tant du sport en lui-même que du contexte du sport. Les Jeux Olympiques apportent beaucoup en visibilité, apportent beaucoup d’angoisse mais aujourd’hui dans le champ des sports au niveau mondial, un sport olympique est toujours prioritaire et a toujours plus de moyens qu’un sport qui ne l’est pas. On peut trouver ça injuste mais c’est comme ça.
Philippe Thiebaut DTN de la Fédération Française de Motocyclisme |
. On entend très régulièrement les joueurs de horse-ball se plaindre de l’investissement de la Fédération Française d’Equitation. En tant qu’ancien DTN, qu’en pensez-vous ?
Je pense que les pratiquants, les joueurs, les sportifs d’une manière générale sont dans leur rôle quand ils râlent. Parfois je m’énervais contre ces déclarations mais aujourd’hui, de par mon expérience et mon âge, je sais qu’il faut que les instances et les fédérations comprennent qu’elles sont là pour être piquées aux fesses pour en faire plus. Donc il faut que le terrain réagisse et agisse. J’essaye toujours de dire aux sportifs, aussi bien aux joueurs de horse-ball qu’aux pilotes, qu’il faut avant tout des clubs qui organisent... il faut des gens qui s’impliquent dans l’organisation pour mettre en musique la discipline.
S’il y a des gens qui doivent être aidés ce sont les clubs organisateurs. Si effectivement il y a quelque chose que je souhaiterais de tout cœur pour le horse-ball, c’est que les grands rendez vous de l’Elite ou des championnats internationaux, puissent être organisés dans des conditions où la visibilité est bonne, où il y a de la télé etc… et pour ça il faut aider ces clubs organisateurs, en leur donnant les moyens et en les soutenant. Souvent ils sont critiqués sur les conditions d’accueil : "on a eu froid", "on a eu chaud", "le box était pas bien"… mais c’est grâce à ces organisateurs qu’il y a des terrains et des théâtres pour que les sportifs puissent s’exprimer. Et il faut les soutenir !
. Selon vous, quels leviers permettront à la discipline de franchir une nouvelle étape dans son développement ?
Je suis convaincu qu’il faut trouver des sites qui sont de véritables écrins. Il faut inventer des choses ! Dans le horse-ball il y a des personnes qui ont été source d’innovations et de créations : le meilleur exemple est l’organisation de Saint Lô avec Marie Quetier et Sernin Pitois. Le succès des Jeux Equestres Mondiaux est un excellent exemple d’innovation, bon pour la discipline ! Aujourd’hui, il faut s’inspirer de ce que font ces gens là. Simplement reproduire ce que l’on fait depuis des années, ça ne suffit plus. Il faut inventer, aller dans des lieux où nous ne nous sommes jamais allés. Le premier à avoir fait ça c’est quand même Jean-Paul Depons en nous amenant à droite et à gauche : on a organisé dans le centre ville de Salon de Provence, dans les arènes d’Arles… Il faut trouver, continuer à trouver, ou retrouver une flamme d’innovation pour aller dans des lieux comme ça pour intéresser les gens, intéresser les partenaires. Je pense que c’est capital.
Marie Quetier & Sernin Pitois |
. Organiser une étape de horse-ball sur neige à Megève par exemple ?
Absolument ! Il faut trouver des solutions comme ça : mettre ce sport spectaculaire dans des conditions spectaculaires ! Il y a eu des initiatives intéressantes avec des matchs sur la plage en été, des tentatives à l’étranger avec des délégations parties essayer de faire connaître le horse-ball aux Etats-Unis ou en Argentine.
Mais je pense qu’avant toute chose, il faut organiser des événements très spectaculaires qui pourraient être filmés et qui permettraient de participer à la promotion de la discipline en l’exportant par la suite.
. Selon vous, à quoi ressemblera le horse-ball à l’horizon 2030 ?
Aujourd’hui, il faut se donner de l’ambition pour le sport, et ça commence par des gens qui impulsent cette ambition. Ce qui compte c’est que les acteurs, les joueurs, tout le monde impulse, remette du gaz, pousse les autres. Il faut entraîner et apporter au sport. Il faut des leaders dans ce domaine au même titre qu’il en faut sur un terrain pour faire gagner une équipe.
En 2030, le horse-ball peut être une discipline absolument magnifique à condition de trouver cette énergie vitale pour faire des choses, pour innover, pour créer des choses ensemble. Cette énergie ne viendra pas si on se contente de dire : "Y’a qu’à, faut qu’on !". Il faut que ce dynamisme soit incarné, en une ou plusieurs personnes !
Je pense que l’avenir du horse-ball appartient à ceux qui voudront bien lui donner de l’ambition et il faut trouver des gens qui ont la pêche et l’envie de renverser les murs, comme on l’a fait il y a maintenant 30 ans, en s’opposant aux classiques de la fédération. Alors qu’on était accusés de tous les maux, on est passé outre et on a avancé.
Ce n’est pas toujours une affaire de moyens financiers, c’est souvent une histoire de moyens dans le temps, en se rendant disponible, en demandant des rendez vous, en allant à la rencontre des dirigeants, et s’entendre dire "non" 10 ou 100 fois… et que la 101ème fois soit la bonne !
Voilà, c’est cet engagement là qui compte, et il ne faut jamais l’attendre des autres !
Le horse-ball mérite d’être reconnu par la Fédération Equestre Internationale. Il devrait y avoir un championnat du monde intégré officiellement aux Jeux Equestre Mondiaux car c’est l’endroit par excellence où l’on doit trouver une compétition de horse-ball, plutôt qu'une démonstration. C’est incontestable.
Il y a certains pays dans le monde qui ont la cavalerie et le terreau fertile pour que la discipline prenne : les américains, quelques pays de l’hémisphère Sud… Pour ça il faudra que se fassent connaître au sein de la discipline des leaders qui portent ce projet là... et 2030 peut être un bel objectif !
Le horse-ball en démonstration lors des JEM 2014 en Normandie (Saint-Lô) |
. Fort de votre expérience, quel serait votre mode d’emploi pour une reconnaissance officielle du horse-ball ?
Je répondrai trois choses :
. S’engager, dans le jeu comme dans les interventions.
. Respecter, ne pas tomber dans la facilité des mots.
. Ne jamais se plaindre.
Quelle chance vous avez de pouvoir jouer au horse-ball...
. Merci Monsieur Thiebaut d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous vous souhaitons une bonne continuation !
PHILIPPE THIEBAUT
Je m’appelle Philippe Thiebaut, j’ai 60 ans et je suis actuellement Directeur Technique Nationale (DTN) de la Fédération Française de Motocyclisme (FFM).
Grâce à mes très mauvais résultats à l'école et à ma scolarité désastreuse, je n’ai pas fait d’études supérieures. N’ayant pas le baccalauréat, je me suis retrouvé stagiaire, palefrenier, pousse brouette dans un centre équestre, parce qu’à 20 ans je n’avais rien, ni devant moi ni derrière moi.
Quand je me suis retrouvé en situation d’enseigner l’équitation ça a été une véritable révélation pour moi. Je me souviens très bien de la première leçon à la longe que j’ai donnée à une jeune fille. J’avais 20 ans et je me suis dit, "c’est ça que je veux faire !" J’ai donc passé mon monitorat et mon instructorat en candidat libre à Saumur. J’ai commencé à pratiquer dans la discipline classique : dressage, concours complet… comme tout le monde !
J'ai eu cette possibilité de m’exprimer sur cette autre voie qu'étaient les "jeux équestres" et notamment le horse-ball. A 32 ans, la Fédération est venue me chercher. Ils cherchaient quelqu’un qui avait un peu la fibre pour s’occuper des jeunes et à l’époque en dehors de mes activités dans les jeux équestres, mes équipes poneys marchaient bien. Ils m’ont donc demandé de venir m’occuper des enfants et des poneys. Ensuite, j’ai été en charge des "Juniors", puis des jeunes cavaliers et de créer les catégories "Benjamin", "Minime", "Cadet". Tout cela n’existait pas ! J’ai mis tout cela en place et ça a marché très fort et de fil en aiguille, je suis devenu responsable des "activités nationales".
Je continuais en parallèle à m’occuper du horse-ball. Et petit à petit j’ai pris un peu de place jusqu'à devenir DTN, et vivre les Jeux Olympiques (Sydney 2000). Suite aux JO de Sydney, cela faisait 14 ans que j’étais à la fédération, j’ai eu un conflit avec la présidente de l’époque, Jacqueline Reverdy, parce que j’étais dans la mouvance du président actuel, Serge Leconte. J’estimais que c’était sa place et que c’était à lui d’être Président. Madame Reverdy n’a jamais voulu laisser sa place et j’ai été mis à l’écart de la FFE.
Quelques mois plus tard, c’est la Fédération Français de Motocyclisme (FFM) qui est venue me chercher car elle cherchait quelqu’un qui connaisse bien le haut niveau et qui connaisse un peu la moto, ce que je pratiquais dans mes loisirs : de l’enduro et un peu de vitesse. Depuis 2003 je suis donc DTN pour la FFM.
Regroupement des joueurs de l'équipe de France pour fêter les 20 ans des bleus (1992/2012) |
Publié par hbdream le 20-02-2015 23:31
Le stade de France! !
Publié par trebon le 20-02-2015 11:02
Un tres bon article qui donne effectivement un bon apercu du travail et de l'engagements de certains par le passe et le present. Par contre, je ne peux pas m'empecher de me rendre compte que les jeunes aujourd'hui sont bien passifs et inactifs pour leur discipline. merci whbo
Publié par Bravo le 19-02-2015 22:20
Bravo pour cet article , super interessant !
Merci a Mr Thibeaut pour ce qu il a fait pour notre sport, et merci a ceux qui continuent a s en occuper !
Avec ce genre article positif ( pour une fois) ca donne envie d y croire et de tous se mobiliser pour faire grandir le horse ball !
Publié par HBallemotion le 19-02-2015 15:07
Quel bel article, rappelant tant de beaux souvenirs a la vieille spectatrice que je suis ! J'espere que cet article sera suivi d'autres faisant appel a ces personnalites qui ont fait le sport que tant de jeunes se plaisent a jouer aujourd'hui !