Dossier de www.horse-ball.org : Organisateur dans le viseur !
Saint Lô - 07 & 08 février 2015 - Sernin Pitois
Souvent fustigés, rarement félicités... les organisateurs jouent pourtant un rôle déterminant pour la pratique du horse ball et son développement. Entre aire de jeu, terrain de détente, restauration, boxes, coordination des services techniques, de sécurité, les secours, le vétérinaire, la délégation de l’arbitrage, la communication, les plannings... l’organisation d’une étape de horse ball relève souvent du casse tête !
Pour autant, dans un monde qui ne tient que par l’engagement d’amateurs passionnés, chaque évènement est l’occasion d’un mouvement collectif pour que les équipes soient reçues dans les meilleures conditions.
C’est pourquoi la rédaction de www.horse-ball.org a décidé d’aller à la rencontre des organisateurs des plus grandes étapes nationales de la saison 2015 : Rosières aux Salines, Saumur, Mâcon, Le Mans, Saint-Lô, Tarascon, Chazey, Bordeaux & Jardy !
La mi-saison arrive... et avec elle l'incontournable étape de Saint Lô ! Dans quelques jours le plus haut niveau de la discipline se retrouvera en terres normandes dans l'une des arènes mythiques du horse ball français.
A l'occasion de ce nouvel épisode de notre série "Organisateur dans le viseur !", nous sommes allés à la rencontre des organisateurs de l’étape de Saint Lô. Sernin Pitois se livre à un jeu de questions réponses sans tabou avec notre rédaction.
. Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Sernin Pitois, j'ai 36 ans et je suis dans le milieu du horse ball depuis 25 ans, toujours aussi passionné. Quand je ne suis pas sur les terrains, je suis ostéopathe équin.
. Quelle est votre expérience dans le domaine de l’organisation d’évènements ?
Pour notre part (sa compagne, Marie Quetier et lui-même, ndlr), nous n'avons organisé que des évènements sportifs de horse ball. Les finales des Championnats de France Seniors ont été le premier évènement que nous avons réalisé à Saint Lô. Nous voulions organiser du horse ball mais les finales étaient la seule compétition que la FFE pouvait nous confier. Nous les avons donc organisées deux années de suite (2003 et 2004, ndlr) et puis nous avons arrêté parce que c’était trop pour nous. Depuis nous organisons des étapes des championnats de France chaque année ainsi que des évènements internationaux pendant l'été !
Précisions de la rédaction : En 2003 et 2004, il ne s’agissait pas de la dernière étape du championnat de France Pro Elite. La dernière étape du championnat se déroulait aux Saintes Maries de la Mer. Il s’agissait donc des finales pour les catégories Pro, Amateur Elite et Amateurs. La Pro Elite Féminine, quant à elle, jouait sa finale au Parc Equestre Fédéral de Lamotte Beuvron.
. Pourquoi vous êtes vous lancé dans l’organisation d’une étape des championnats de France de Horse Ball ?
Pour la simple et bonne raison que nous avons la chance d'avoir une situation géographique complètement centrale et que tout le monde est excentré par rapport à nous (Rires…) ! Plus sérieusement, nous sommes complètement excentrés et nous faisons sur chaque étape beaucoup de route. Au-delà de ça, nous bénéficions également du Pôle Hippique de Saint Lô. Grâce à sa configuration, la qualité de ses installations et le fait que ce soit une sorte de "petit stade", on a tout de suite trouvé que ce serait une vraie chance pour la discipline d’évoluer à cet endroit. Il ne faut pas oublier qu’on se trouve en Normandie, qui est une véritable terre de cheval, donc avoir une étape de Pro Elite nous est apparu comme une évidence. Donc on a concilié notre envie d’avoir au moins un week-end sans faire trop de route et l’envie de participer au développement de la discipline.
. Quel doit être, selon vous, le rôle d’un organisateur ? Que doit-il apporter à la discipline et ses acteurs ?
Pour le haut niveau, c'est très simple : il faut proposer un terrain irréprochable, un arbitrage qui va dans le sens du beau spectacle et du beau jeu. Le beau spectacle c’est une notion primordiale dans notre sport pour pouvoir satisfaire le public, et à Saint Lô, du public il y en a toujours beaucoup ! Il faut vraiment mettre en avant la discipline, proposer la plus belle vitrine possible pour le sport. La Normandie est très active au niveau régional en horse ball. Mais lorsque l'on organise au niveau régional on ne fait aucune publicité parce que ce n’est pas le visage de la discipline que l’on veut montrer. Avoir un week-end de haut niveau permet de montrer aux joueurs normands et au public, majoritairement néophyte, ce qui se fait de mieux dans notre discipline.
Pour autant, sur les organisations internationales nous ne sommes jamais certains de la qualité des matchs, alors qu’en Pro Elite nous savons qu'on se retrouvera face à du beau horse ball. Quand on connaît les problématiques du sport à l’étranger, nous ne sommes pas toujours en présence de bonnes équipes, et le jeu en pâtit, et de fait le spectacle proposé. En Pro Elite on est quasiment sûrs d’avoir 10 matchs de qualité sur une étape. Après il ne faut pas s'arrêter à la Pro Elite. On voit de très belles choses en Pro Elite Féminine et en Pro. Ces catégories ont un niveau de plus en plus impressionnant et les rencontres sont de qualité également. Organiser une étape avec de la Pro Elite, de la Pro Elite Féminine et de la Pro, c’est la garantie de ne pas décevoir et de proposer le jeu le plus beau et le plus spectaculaire possible.
. En tant qu’organisateur, qui sont vos interlocuteurs privilégiés ?
Nos interlocuteurs principaux sont le Pôle Hippique de Saint Lô et la Région.
. Lorsqu’on se lance dans l’organisation, quelles sont les principales difficultés que l’on rencontre ?
Cela fait pratiquement 15 ans que l’on organise à Saint Lô donc on ne rencontre plus beaucoup de difficultés. La vision qu’ont les gens de la discipline a beaucoup évolué. Mais dans les premiers temps, à Saint Lô il n’y avait que le Concours de saut d'obstacle (CSO) qui existait. On nous répétait sans cesse que les horseballeurs n’étaient que des "casseurs". Maintenant nous sommes accueillis à bras ouvert partout où l'on va. Pour les Jeux Equestre Mondiaux cet été, on a même eu la chance de pouvoir procéder au tirage au sort des rencontres à la Mairie de Saint Lô. A l’époque, le Pôle hippique de Saint Lô était géré par les Haras Nationaux et ce n’est pas l'institution avec laquelle il est le plus facile de dialoguer. Ils étaient complètement réticents à la présence de horse ball. Ils avaient typiquement l'image que l'on pouvait avoir de la discipline il y a 20 ans : des casseurs de chevaux et des voleurs... Lors du premier évènement que nous avons organisé, ils ont été très surpris par une anecdote que je n’oublierai jamais : le horse ball a été la seule organisation où aucune pelle à crottin n'a été volée ! Au-delà de la pelle à crottin, ça a montré un état d'esprit, un savoir vivre que ne soupçonnaient pas les instances dirigeantes du Pôle Hippique à ce moment là. Depuis 15 ans, il n’y a plus aucun souci, le horse ball est accueilli à bras ouverts, les instances pensent que la discipline représente l’avenir des sports équestres.
. D’après-vous quels sont les points faibles et les points forts de votre organisation ?
Au rayon des points forts, les infrastructures sont à placer avant toute autre chose. L'accueil pour les chevaux également, avec des boxes couverts, représente un gros avantage. Le point faible est notre situation géographique je pense. Nous sommes très excentrés par rapport aux autres équipes. Il y a aussi le fait que le Pôle Hippique est à peu près à 50 kilomètres de notre domicile, donc ça complique un peu l’organisation. Mais avec le temps on a appris a gérer cette difficulté et on fait avec sans souci maintenant. De manière générale, je pense qu’on on veut tous organiser un concours 5 étoiles mais nous n’avons qu’un porte monnaie d'amateur !
. Y aura-t-il des nouveautés et/ou des améliorations pour l’édition 2015 ?
Les nouveautés à attendre sont du côté du terrain. On va retrouver les mêmes structures qu'on a pu voir pour la première fois aux Jeux Equestres Mondiaux. Le Pôle Hippique à complètement rénové le terrain et les infrastructures autour : des buts fixes, un terrain gonflable neuf aux couleurs du Pôle, l’entrée du terrain va changer également. A présent, il y a un corridor en sable et entièrement couvert qui relie le terrain de détente à l’entrée du terrain.
. Vous allez accueillir environ 30 équipes, 180 chevaux et cavaliers… Quel est le budget global de votre manifestation ?
Environ 25 000 euros.
. Quels sont les moyens, les critères et/ou les dispositifs qui vous permettent de vous faire une idée quant à la réussite ou non de votre manifestation ?
C’est très simple. On a la chance d’être entourés de personnes de confiance, avec qui on se dit les choses, qui nous appellent et qui nous disent quand les choses vont ou pas. Ce sont de véritables amis qui n'hésitent pas à me dire quand c'est bien ou quand ça ne l'est pas. Bien que ce soit souvent positif, on veille à toujours rester vigilants parce qu'une édition réussie n’est pas gage de réussite de l'édition suivante.
. Vous organisez des évènements nationaux mais également internationaux... les contraintes sont-elles les mêmes ?
Si l'on prend comme exemple les Jeux Equestres Mondiaux, ça n'a absolument rien à voir. On est dans un cadre professionnel pur. Le cahier des charges est beaucoup plus étoffé, le budget est clair, on est entourés de professionnels, un plan de communication précis dans le cadre des JEM, une billetterie professionnelle... On est clairement dans une autre dimension ! Lorsque l’on organise sur les étapes du championnat de France, nous sommes entre amateurs, il n’y a pas un professionnel. Tout le monde prend sur ses congés pour nettoyer après l’étape par exemple. S'il fallait dégager une différence ce serait donc le professionnalisme !
. Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions... Nous vous souhaitons bon courage pour la réussite de votre évènement !